Développer sa capacité à comprendre - Le défi de chaque enfant

Auteur(s) : Alain Thiry

Comme la PNL c'est apprendre des autres, c'était normal qu'on s'intéresse au domaine de l'apprentissage. Bien sûr, nous avons tous commencé par repérer les stratégies de réussite d'apprenant et par leur proposer de généraliser celles-ci dans toutes les matières à apprendre. Cela avait une relative efficacité. Puis, nous avons observé les élèves brillants. Vous savez, ceux qui réussissent toujours avec un effort ridicule. Là, nous avons été surpris. Nous ne procédions pas comme eux, mais nous n'étions pas non plus brillants. Cela nous a valu une petite remise en question. Nous avons observé chez eux 5 outils mentaux (stratégies) leur permettant de gérer toutes les tâches scolaires avec qualité. Une stratégie pour mémoriser, une pour comprendre, une pour réfléchir , une pour prononcer, une pour transférer. Toutes les opérations mentales sont utiles comme le montre le schéma ci-dessous. Mais elles servent à des tâches différentes. D'où l'importance d'apprendre à chaque jeune comme les utiliser.

Si vous repenser au modèle des canaux sensoriels, vous savez que certains enfants privilégient le visuel, alors que d'autres préfèrent l'auditif ou encore le kinesthésique. Que donc, il faudrait tout expliquer en visuel aux " visuels ", en auditif aux " auditifs ", en kinesthésique aux " kinesthésiques ". Et bien NON ! Ce n'est pas parce qu'ils ont tendance à privilégier un canal sensoriel par rapport à tous les canaux sensoriels qu'un cerveau peut utiliser, qu'il faut les laisser dans leur stratégie limitante. Il faudra apprendre aux " kinesthésiques " à regarder et aux " visuels " à écouter, et … . Cela ne sera pas toujours facile pour eux. Mais, c'est le rôle de toute scolarité de développer toutes les potentialités des jeunes et non pas seulement celles qu'ils préfèrent.

Notre centre s'est spécialisé dans la mise en œuvre de ces stratégies PNL d'apprentissage dans toutes les matières et cela à tous les niveaux d'âges. Il y a un an nous avons commencé dans des classes d'enfants une recherche sur la compréhension. Nous voulions affiner notre manière de procéder. Nous nous sommes spécialement intéressés à la compréhension car les enjeux sont très importants. Tout d'abord, lorsqu'un enfant ne comprend rien à rien, il vit le monde comme angoissant, ne comprenant jamais ce qu'on lui demande. Et bien sûr la société va être comme un véritable rouleau-compresseur. Il sera taxé de débile. Il sera rejeté. Pas étonnant de le voir ensuite agité, frustré, angoissé, en colère ou passif. Il n'a pas les moyens de répondre aux exigences d'une scolarité. Nous voulions trouver une solution pour ces jeunes.
Nous savions déjà que la compréhension nécessitait une opération visuelle où l'apprenant doit transformer le texte (écouté ou lu) en image analogique (concrète).

C'est là que nous repérons 3 types de problèmes de compréhension.
1. Certains jeunes ne se font pas d'images analogiques (concrètes) lorsqu'ils lisent un texte. Il suffisait de leur conseiller d'en faire et de les aider à démarrer.
2. Mais pour certains d'entre eux, cela ne suffisait pas. Pour se construire des images de la phrase que j'écris, encore faut-il avoir dans les chariots de diapos de ma mémoire des images des différents mots employés. C'est la difficulté d'avoir les bases suffisantes. Si elles n'existent pas, et bien pas de secret, il faut les créer. On sait comment faire : les faire visualiser concrètement toutes les bases. Mais dans certains cas, il est vrai que ça peut prendre un certain temps. Nous avons vu des enfants avec un retard de 3 ans dans leurs bases.
3. La troisième difficulté pour l'enfant est d'agencer les différents éléments issus de leurs chariots de diapos mentales pour correspondre au sens précis de la phrase qu'il lit.

Nous nous sommes rendus compte que l'enfant rencontre différents types de mots et qu'en fonction de sa capacité de visualiser ceux-ci, il sera reconnu comme débile, ayant une intelligence concrète ou encore ayant atteint une intelligence abstraite. Notre hypothèse est que si nous parvenons à aider un enfant à visualiser les particularités de chaque type de mots, alors il pourra dépasser les limites apparentes de sa capacité de compréhension.
Nous distinguons 3 grandes catégories de mots :
1. Les choses qui existent - on peut en faire des photos (exemple : les objets)
2. Les choses qui n'existent pas - et qui sont des transformations (exemple : les verbes et les nominalisations) - on aura besoin d'un petit film (sous-modalité) pour représenter les changements.
3. Les mots -outils - qui permettent de relier les idées dans une argumentation (pourtant, donc, excepté, alors que, durant, …). Nous aurons besoin ici de nous fabriquer des symboles qui représenteront avec beaucoup de pertinence le sens du mot.

Il est clair qu'il y a une progression dans la maîtrise de ces catégories. Un jeune enfant apprend à connaître les choses qui existent, mais s'il ne va pas au-delà il sera vite taxé de débile. La capacité à gérer les verbes lui permettra d'acquérir un niveau souvent appelé intelligence concrète. Mais de nouveau, après quelques années, cette appellation deviendra insultante. La capacité de visualiser les nominalisations sera le début de l'abstraction. Mais sans la maîtrise des mots-outils, il ne pourra pas vraiment suivre des argumentations. Et quand à en construire, on oublie.


Après avoir travaillé sur les transformations, nous sommes revenus sur les mots-outils. Il est vrai que cette catégorie est la plus difficile à comprendre et donc à expliquer. Et c'est presque par hasard que nous avons réalisé que nous pouvions regrouper tous ces mots-outils en une dizaine de sous-catégories. Réalisez l'importance de cette dernière phrase. Jusqu'alors, nous devions inviter les jeunes à trouver une représentation graphique pour chacun de ces mots. C'était leur demander un travail colossal. Maintenant, nous avons une dizaine de symbole graphique qui nous suffit pour schématiser tous les mots-liens. Enseigner la compréhension et l'usage de ces mots devient totalement réalisable. Cela offre des perspectives incroyables de développements pédagogiques.
En travaillant avec notre stratégie PNL de compréhension, nous avons pu amener des jeunes à développer leurs capacités d'abstraction et d'argumentation, alors qu'ils croyaient ne pas y avoir accès. Pour l'instant, les 3 premières étapes de notre recherche sont pratiquement terminées. La première étape était l'exploration pratique avec des jeunes et des adultes, la 2ème la conceptualisation, la 3ème le test : reproduire avec des jeunes en individuel. Nous souhaitons commencer la 4ème phase : la mise en œuvre avec des classes entières.


Pour en savoir plus : Apprendre à apprendre avec la PNL

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